La peur, mon ennemie ou mon amie dans la Vie?
Pour pouvoir répondre à cette question, je vais vous confier une expérience très personnelle, qui fut à l’origine de mes convictions profondes, s’agissant de cette vive émotion qu’est LA PEUR, de la façon dont nous devons la considérer, amie ou ennemie, et de la place, du rôle, que nous devrions lui accorder dans notre existence.
Il y a quelques années, à l’issue d’un divorce difficile, j’étais habitée par des peurs plus ou moins exacerbées. Elles occupaient, alors, une place prépondérante dans mon quotidien. Ces peurs, d’origine diverses, m’envahissaient, rendant inconfortable la plupart des situations, dans lesquelles je me trouvais.
Il m’apparaissait, de plus en plus difficile de continuer à vivre, prisonnière de cette émotion, avec laquelle je cohabitais depuis si longtemps. Je décidais, alors, de remédier à cet inconfort de vie, en me libérant de ce carcan, qui finissait par me nuire physiquement et psychologiquement.
Ainsi, j’entrepris de me sevrer de ces peurs, en les affrontant, les provoquant, les embrassant à bras le corps. Et quoi de plus adapté à ce défi que je m’imposais, que d’entreprendre un voyage?
Moi, qui avais toujours rêvé de découvrir l’Inde, je décidais que le temps était venu d’effectuer un périple dans ce pays imprégné de la générosité et de la dévotion de Mère Teresa, dont j’admirais tant l’abnégation et le don de soi.
Je me rendais donc en Inde, à Calcutta, avec comme seule adresse, celle des missionnaires de la charité, où j’allais consacrer tout mon temps en tant que volontaire de cette congrégation religieuse créée par mère Teresa.
Ce qui m’avait empêché, jusque là, d’accomplir ce voyage si lointain, se résumait en deux mots: MES PEURS!
Aux regards de certaines personnes, celles-ci apparaîtraient comme insensées, si ce n’est parfaitement stupide, mais, assurément, ce n’était pas mon sentiment à l’époque.
En effet, j’étais persuadée, qu’en me rendant en Inde, j’allais, sans nul doute, contracter une maladie infectieuse, en travaillant dans un des centres des missionnaires de la Charité. J’étais, également, terrifiée, à la seule pensée qu’il puisse m’arriver quelque chose de dramatique, alors que mon petit garçon de 3 ans attendait mon retour à la maison, au Luxembourg. Et je me convainquais aussi, que des personnes de mon entourage émettraient, très certainement, un jugement critique et péjoratif à propos de mon rôle de mère.
Bref, la liste de mes méfiances et autres appréhensions est longue, trop longue, pour pouvoir toutes vous les énumérer ici.
Malgré tout, je ne parvenais plus à supporter ce quotidien pesant, pénible, harassant physiquement et mentalement.
Cette réalité, MA réalité, étouffante et asservissante, fut le facteur déclencheur, pour un changement radical, auquel j’aspirais profondément. En mon fort intérieur, comme guidée par mon instinct, je savais que je prenais la bonne décision de partir ; mais, psychologiquement, je n’avais aucune certitude, quant à mes objectifs et la finalité de ce voyage, qui se voulait thérapeutique.
J’avais la conviction qu’en m’extrayant de mon environnement familier, qu’en me détachant de mon cocon, anxiogène, malgré tout, et berceau de mes perpétuelles mêmes peurs, je n’aurais d’autres alternatives, que de me confronter à ces dites peurs, et de les combattre pour, enfin, parvenir à les éradiquer!
J’en conviens, mon raisonnement peut sembler simpliste, mais, ô combien réaliste pour moi, à cette époque là!
L’Inde allait donc devenir le lieu de ma délivrance, j’y briserais les chaînes de mes peurs: je pourrais ensuite, et surtout enfin avancer dans ma Vie!
Et voilà, que, pas après pas, acte après acte, je franchissais toutes les barrières de mes à priori, de mes fausses croyances et de mes hésitations.
En effet, je n’avais pas d’autres choix que d’avancer, dans tous les sens du terme, une fois arrivée en Inde.
Arrivée à l’aéroport, je dépassais ma peur d’en sortir (je n’allais tout de même pas y séjourner tout le temps de ma présence en Inde!). Je n’avais pas d’autre choix que de me nourrir de la cuisine locale (bien que quelques personnes m’incitaient à y renoncer en me racontant des histoires sur le manque d’hygiène dans les cuisines locales). Et, tout ce qui correspond à notre confort personnel, tels que se doucher, dormir… représentaient un défi à mes yeux.
En conclusion, mon » expatriation » temporaire fut très salvatrice. Ce fut une expérience pédagogique d’introspection fantastique. Une école d’apprentissage et de découverte de son « MOI PROFOND ». En cela, l’Inde est une destination idéale.
A l’époque, je ne mesurais pas, ou pas complètement la portée de cette expérience: sa singularité et les effets qu’elle aurait sur mon épanouissement personnel et sur ma compréhension de cette émotion qu’est la peur.
En effet, il m’apparait évident, aujourd’hui, que la façon dont je percevais le monde extérieur, était celle-là même, qui me le rendait effrayant. Je fabriquais mes propres peurs, par la manière, dont je l’observais. Ainsi donc, les peurs étaient ancrées en moi et je les emmenais avec moi partout où je me rendais.
Oui, il est vrai que cette constatation n’est pas une révélation nouvelle, mais la question à se poser est: « en avons-nous conscience? Conscience que NOUS sommes les vecteurs de nos propres peurs? ». J’en doute.
En ce qui me concerne, cette prise de conscience me demanda un peu de temps. Je ne compris pas spontanément, quels étaient les tenants et les aboutissants de mes peurs.
Je raisonnais faussement, estimant qu’il me suffirait de m’opposer à mes peurs (et n’en doutez pas, elles sont nombreuses lorsque l’on voyage seule à l’étranger), pour qu’elles finissent par disparaitre ou par s’éradiquer; et qu’à mon retour, je vivrais un quotidien serein, épuré, enfin, de ces peurs qui l’asphyxiaient.
Bien entendu, j’étais dans l’erreur! Ce constat eut un goût très amer, lorsque je revins au Luxembourg. Car, elles étaient toujours vivaces en moi, jour après jour.
Certes à des degrés d’intensité moindre, plus discrètes que celles éprouvées en Inde, mais, voilà, mes peurs subsistaient! Pourquoi?
En réalité, je n’analysais pas le processus manifeste de mes peurs sous le bon angle.
Au lieu de considérer et de valoriser tout ce que j’avais accompli en terme de courage et de détermination, à entreprendre et à conduire mon voyage en Inde à son terme, je me focalisais sur l’omniprésence de ces peurs, les désignant comme un échec personnel: je me voyais comme étant incapable de m’en défaire, comme si ma nature était fatalement de demeurer « peureuse ». Je me mésestimais, me jugeant incapable de changer.
Aujourd’hui, enfin, j’ai appris de l’évidence, celle qui, à l’époque, avait échappé à ma compréhension.
En tant qu’Être humain, nous sommes et serons toujours habités par des peurs, quoique nous fassions, car cela fait partie intégrante de notre Nature et parce qu’elles sont les sentinelles de notre « instinct de survie ».
Pour la plupart d’entre nous, les peurs d’un danger potentiel sont IRRÉELLES et viennent de notre imagination. En général, elles trouvent leurs fondements au travers de croyances relatives ou inadéquates, faussées par le résultat d’expériences vécues et interprétées de manière dramatique par notre cerveau, qui analyse, synthétise et catégorise nos émotions d’après notre mémoire expérimentale.
Ce que j’ai accompli en Inde, et que je continue d’appliquer au quotidien, lorsque mes peurs se manifestent, consiste à les transgresser, les dépasser, afin qu’elles ne puissent plus diriger ma Vie.
Il va de soi, que cette prise de conscience, à laquelle je suis parvenue, n’a été effective, qu’au moment où je me suis éveillée à un développement, à un processus d’épanouissement personnel.
J’ai, ainsi, cessé de vouloir, à tout prix, dissoudre mes peurs. A contrario, je les considère plutôt, désormais, comme des cadeaux.
Chaque fois que les peurs s’emparent de moi, et que je leur fais face, je me surprends à découvrir certaines facettes de ma personnalité, qui m’étaient inconnues jusqu’alors.
Se confronter à ses peurs, en décidant de les affronter, c’est permettre de s’extraire d’un cadre de Vie connu et calfeutré, c’est sortir de « notre zone de confort”, et par voie de conséquence, sortir de nos retranchements, afin de repousser nos limites.
De plus, notre » MOI PROFOND » s’en trouvera positivement affecté, révélant son pouvoir d’accomplissement, et non son ensevelissement.
Accepter la peur ce n’est pas étouffer ce « Moi », c’est l’assister pour lui permettre de se révéler.
Il n’est, certes pas, aisé de se réaliser, tous les jours, hors de sa « zone de confort », car l’on se retrouve, parfois, déstabilisé par une situation, qui nous dépasse, émotionnellement, qui déstabilise nos réactions, brusquant nos habitudes et perturbant nos repères.
Toutefois, dans mon cas, je choisis cette voie. Je me suis fixée un cap, et étant, désormais, seul maître à bord, je mène ma barque là où je souhaite qu’elle navigue. J’entrevois la Vie, que j’ai toujours imaginée.
C’est un sentiment des plus agréable et hautement satisfaisant, que de se découvrir des aspects de notre personnalité, que nous occultions auparavant, ou dont nous ne soupçonnions pas la véracité.
Étonnant, aussi, ce constat que nous parvenons à faire, sur qui nous croyons être, simplement en nous basant sur des croyances inexactes. L’image, que nous nous renvoyons de notre identité profonde, est souvent altérée par notre adhésion à des convictions, des certitudes programmées et erronées.
Alors à la question: « la peur, mon ennemie ou mon amie dans la Vie », je répondrais, que cette peur, peut être l’une et l’autre. Tout est une question de CHOIX PERSONNEL.
Avec amour,
Fadila
Laisser un commentaire